Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/23

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filant sur l’écran lumineux de sa mémoire fidèle.

« La terre est toute blanche, les arbres tout blancs, et dans le ciel clair les étoiles qui scintillent durement versent une clarté douteuse, froide et comme méchante. Les lièvres n’ont pas quitté leur gîte, les perdrix se sont rapprochées des villages, les taupes dorment au recoin le plus solitaire de leurs galeries souterraines ; plus de prunelles gelées aux épines des combes, plus de pommes sauvages sous les pommiers des bois. Plus rien, rien que cette blancheur scintillante et molle en paillettes cristallines que la gelée rend plus subtile et qui s’insinue jusqu’à la peau malgré l’épaisseur de la toison.

Le village au loin dort sous l’égide de son clocher casqué de tôle. Il s’y dirige et en fait prudemment le tour, puis, raccourcissant ses cercles, captivé par l’espoir d’un butin, s’en approche peu à peu.

Pas de bruits si ce n’est, de quart d’heure en quart d’heure, la note grêle, négligemment abandonnée au silence par l’horloge du clocher