Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

préparer à tirer : les plombs ne seront pas pour lui. Car Goupil est sûr que derrière cette croisée silencieuse un homme veille, un de ses ennemis, un assassin de sa race ; il a éteint la lampe pour faire croire au sommeil, mais les soupiraux de son poêle, qu’il a négligé de fermer, viennent de déceler sa présence, et Goupil, qui a déjà entendu des coups de feu dans la nuit, sait maintenant pourquoi il veille. Qui sait combien d’autres, moins méfiants, ont payé de leur vie l’imprudence de s’exposer à si belle portée au coup de feu de l’assassin ! Et Goupil a reconstitué les drames : l’homme tranquillement assis dans sa maison mystérieuse, spéculant sur la misère des bêtes, offrant à leur faim de quoi s’apaiser, et, le moment venu, protégé par l’ombre complice, fusillant ses victimes par le carreau entr’ouvert.

C’est là qu’ont péri ses frères des bois, qui, moins résistants que lui, se sont aventurés vers le village et qu’il n’a jamais revus.

Et Renard reprend, à petits pas, toujours dissimulé, le chemin de son bois, quand, à la crête