Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/27

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rent pour d’effrayants cauchemars aux images de terreur : des rondes fantastiques de lièvres tournaient autour de lui, tirant des coups de fusil qui labouraient sa peau, lui enlevant de longues traînées de poil sans parvenir à l’achever. Une fièvre intense le prenait ; son museau noir si froid s’échauffait, ses yeux devenaient rouges, ses flancs battaient, sa longue et fine langue pendait hors de sa gueule comme un torchon humide et chiffonné, laissant perler de temps à autre, au bout, d’une gouttière centrale, une goutte de sueur qu’il ramenait d’un mouvement sec dans sa gueule en feu pour la rafraîchir.

Le temps fuyait. Il avait flairé son piège et cherché pour l’éviter à comprendre le danger, mais son cerveau de sauvage ne comprenait rien aux mécaniques des hommes, et à cet inconnu plein d’un mystère angoissant, il avait préféré la faim dans la sécurité du refuge.

Un matin il eut une joie et crut à sa délivrance. L’homme vint. Il resta là quelques instants, remua quelque chose et repartit ; mais le