Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/35

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lorées d’où jaillissaient des canines pointues. Ah ! qu’il eût mordu volontiers le bourreau qui le portait, mais celui-là était bien sûr de l’impunité et, railleur impitoyable, continuait en souriant silencieusement sa marche vers le village.

Renard en percevait les bruits qu’il connaissait à peu près pour avoir jadis dissocié les rumeurs étudiées de loin : d’aucuns lui étaient indifférents ; d’autres touchaient plus particulièrement à sa vie de chasseur de félins et d’amateur de basse-cour, d’autres enfin, les plus terribles, lui rappelaient que l’homme et son féal le chien étaient des ennemis sur la clémence desquels il ne devait jamais compter : c’était des meuglements de vache, des grincements de voitures, des gloussements de volailles, des abois de chiens et des cris aigus de gamins jouant et se disputant au seuil des maisons. Le vaincu se voyait déjà entouré d’un cercle féroce, d’une triple haie infranchissable d’ennemis et sentait de plus en plus sa perte impossible à conjurer.

De bonheur pour lui, Lisée habitait une maisonnette un peu à l’écart. Il s’engagea dans une