Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/43

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maient discrètement, les merles reprenaient sur cent thèmes différents leur chanson crépusculaire, et des bandes innombrables de hannetons, s’élevant des champs et volant vers les jeunes verdures du bois, faisaient une rumeur lointaine et intense de vague qui s’enflait et s’apaisait tour à tour.

Renard fuyait, fuyait éperdûment, dépassant sans même les regarder les bornes de pierre des tranchées, coupant l’une pour reprendre l’autre, lâchant le taillis pour la coupe et la coupe pour la plaine, toujours poursuivi par l’implacable grelot.

La lune se leva. Goupil regagna les taillis, puis les fourrés épais au travers desquels son habileté de vieux forestier le faisait glisser rapide comme une ombre sur un mur et où il espérait bien, à la faveur des ronces et des clématites, faire perdre sa trace au limier farouche qui lui donnait la chasse.

Il tournait autour des chênes, glissait sous les enchevêtrements de ronces qui le mordaient au passage sans arrêter ni ralentir son délirant