Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/44

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élan ; il s’engloutissait sous des tunnels de végétations neuves, pour rejaillir, cinq ou six pas plus loin, dans l’éclaboussement d’une gerbe de clarté, et toujours, toujours derrière lui le tintement du grelot sonnait comme son glas funèbre, un glas monotone et éternel.

Sous ses pas des bêtes se levaient, des vols brusques d’oiseaux surpris s’ouvraient, trouées noires s’évanouissant dans le demi-jour sinistre du sous-bois ; des hiboux et des chouettes, attirés par le son du grelot, suivaient de leur vol silencieux cette course étrange et nouaient au-dessus de sa tête leurs vols mous.

Renard s’enfonça résolument dans les fourrés les plus épais ; un instant, une clématite l’arrêta au passage, d’un brusque sursaut il la rompit, repartit, et le grelot cessa de se faire entendre. Une espérance gonfla la poitrine de l’évadé et banda ses muscles d’une force nouvelle ; Miraut, sans doute, l’avait perdu de vue, et il fila comme une flèche droit devant lui. Il courut deux cents, trois cents sauts peut-être dans ce silence plein d’espérance, puis, pour bien s’assurer de sa