Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/46

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sante pour qu’elle pût, après tant de jeûne, tant d’émotions, tant de fatigue et tant de souffrances, le réveiller de sa léthargie et le rejeter à la lumière.

Rien ne surnageait dans le chaos de ses sensations. Au milieu du bon silence protecteur qui l’environnait et avant même que son estomac le rappelât trop vivement à la douloureuse réalité, ce fut au cou une sensation de gêne qui l’éveilla : ce fil de fer de Lisée sur lequel étrangement sa pensée se fixait et sa vie nouvelle semblait se condenser. — D’ailleurs deux sensations pouvaient-elles trouver place dans son cerveau affaibli ! Était-il éveillé ? Dormait-il ? Rêvait-il ? Il ne savait pas. Ses yeux étaient clos, il les ouvrit. Il les ouvrit lentement, sans bouger le corps, et les promena sur le paysage paisible qui l’environnait ; puis, avec des lenteurs calculées, les lenteurs auxquelles il savait se plier quand, guidé par son subtil odorat, il s’approchait le soir des compagnies de perdreaux, il tourna la tête autour de lui. — Rien desuspect ; il respira. — Où donc avait pu passer le chien ?