Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/48

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sait à l’espérance et à la joie, allait le suivre impitoyablement, empoisonner ses jours, et accomplir envers et malgré tout son œuvre fatale.

Douloureusement sur ses pattes maigres il se dressa, l’avant-train d’abord, le derrière ensuite, et s’approcha de la source dont le bruissement continu et monotone était comme une sorte de silence, un silence plus chanteur sur la tonalité duquel les différents cris des habitants des bois s’harmonisaient paisiblement.

Il lappa longuement avec un claquement de castagnettes l’eau limpide dans laquelle il brouilla son image, l’image d’un Goupil amaigri que, d’ailleurs, il ne voyait pas, d’un Goupil dont le museau pointu seul vivait, et sur la tête duquel les courtes oreilles aiguës et comme détachées semblaient deux tourelles jumelles, épiant les bruits de la campagne avec toujours la crainte de voir surgir dans des perspectives de silence des bruits ennemis.

Puis il songea à manger et comme la forêt ne lui offrait pas de suffisantes ressources il gagna la plaine herbue d’où les alouettes, par interval-