Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les, semblaient jaillir comme des jets de joie, pour, dans une sorte de titubement ascendant, gagner le ciel, qu’elles emplissaient de leurs roulades, et retomber ivres d’azur.

Là il trouverait certainement quelques-unes des herbes qu’il avait toujours connues ou qu’il avait appris à connaître : les bâtons d’oseille sauvage, peut-être quelques champignons, le chiendent purgatif, ou encore quelques taupinières qu’il attaquerait résolument, et, qui sait, peut-être des cadavres à demi décomposés de bêtes ou d’oiseaux morts pendant l’hiver et que nul encore n’aurait retrouvés.

Mais que ce grelot était agaçant ! Sans doute il s’habituerait assez vite à la gêne de sentir au cou l’étranglement du fer, mais ce son qui s’attachait à lui comme une épine, lui rappelant trop les dangers courus et à craindre, gâtait sourdement la belle joie qu’il aurait éprouvée à jouir pleinement de la vie. C’était la rançon de sa liberté qu’il était condamné à traîner jusqu’à la mort. Et des envies féroces de s’en débarrasser le tenaillaient.