Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/51

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œufs, tantôt il en dévorait les oisillons, de petits corps tout rouges qui avaient les yeux clos et ouvraient des bec énormes en entendant le froissement des rameaux s’écartant au-dessus de leurs têtes. Il pouvait se hausser jusqu’aux nids des merles bâtis sur les branches basses des coudriers, il détruisit dans les blés en herbe des couvées de perdrix et de cailles, et même, protégé par son grelot, put, sans donner l’éveil, s’approcher des métairies.

Il avait une haine particulière contre certain coq de la grange Bouloie, un vieux Chanteclair au timbre suraigu, aux lourdes pattes emplumées, aussi rusé que lui, pacha tout puissant et jaloux d’un vaste sérail de gélines qui semblait, chaque fois qu’il approchait, deviner sa présence, et, dressant la tête et battant de l’aile, poussait un coquerico de rappel, une sonnerie précipitée qui prévenait les poules du danger et les ramenait en désordre vers la niche du molosse où elles se sentaient en sûreté.

Depuis longtemps Goupil avait résolu sa mort. Plusieurs jours de suite il l’épia, puis, fixé sur