Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/75

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santes et se prolongeait terrible selon le rythme de sa monotonie désespérée.

— Prions, mes enfants, fit l’aïeule, prions pour l’âme du comte.

Chacun veilla dans le village. Les hommes avaient décroché du clou où il était suspendu le vieux fusil dont ils vérifiaient soigneusement les amorces et sur leurs faciès interloqués où déjà le scepticisme du siècle avait peut-être posé son sceau, le signe des vieilles terreurs superstitieuses remontait comme une écume. Les femmes et les enfants sans rien dire entouraient le foyer, cherchant dans la clarté et la chaleur une protection contre le danger inconnu dont ils se croyaient menacés. Mais plus que personne dans le village, Lisée, cette nuit-là, connut les affres de la peur.

C’était devant la porte du vieux braconnier, qui ne craignait ni dieu ni diable, qu’avait commencé le premier hurlement. C’était de là devant que le maître sinistre de ce grand drame mystérieux commandait à la meute invisible. Et il avait poussé contre la porte un énorme dressoir