Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/82

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et elle avait dans cet espace resserré atteint facilement le reptile qui ne pouvait progresser bien vite. Elle l’avait arrêté par la queue et remontant une froide et interminable échine, avant que l’autre eût eu le temps de se retourner, de ses pattes de devant, puissamment armées, elle en avait fait deux tronçons inégaux malgré les contorsions violentes du corps se tordant comme un fouet.

Les dépouilles opimes, une chair délicate et graisseuse la nourrirent longtemps ; puis de longs sommeils suivirent ; de petits insectes en fuite devant le froid, des grenouilles, des rats lui servirent ensuite de pâture, puis rien.

Alors les sommeils devinrent plus longs, les chasses interminables, et, dans les couloirs où des éboulis se produisaient, la petite taupe, devant l’inutilité de l’effort, ne songeait plus lorsqu’elle passait à transporter à la galerie centrale la terre qui encombrait ses chemins.

Mais maintenant que la jeune tiédeur lustrait le velours de sa peau, Nyctalette sentait courir autour d’elle ce frisson vague de l’obscur tra-