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la guerre des boutons


– Et les aiguilles, et le fil que t’as oubliés, observa La Crique ; hein, on serait des propres cocos si j’y songeais pas ! avec quoi qu’on se raccommoderait ?

– C’est vrai, avoua Tintin, alors changeons quelque chose.

– J’suis d’avis qu’on garde les deux ronds de réserve, émit Lebrac.

– Ça, oui, approuva Camus, c’est une bonne idée, on peut perdre quelque chose, une poche peut être percée, faut songer à tout.

– Voyons, reprit La Crique, on peut rogner deux sous sur les boutons de tricot, ça ne se voit pas, le tricot ! Avec un bouton au-dessus, deux au plus, ça tient assez ; il n’y a pas besoin d’être boutonné tout du long comme un artilleur.

Et Camus, dont le grand frère était dans l’artillerie de forteresse et qui buvait ses moindres paroles, entonna là-dessus, guilleret et à mi-voix, ce refrain entendu un jour que leur soldat était venu en permission :

Rien n’est si beau
Qu’un artilleur sur un chameau !
Rien n’est si vilain
Qu’un fantassin sur une p… !

Toute la bande, éprise de choses militaires et enthousiaste de nouveauté, voulut apprendre aussitôt