Page:Pergaud - La Guerre des boutons, 1912.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je creusais une grosse pomme et je trayais une vache et voilà, je m’enfilais comme ça mon petit bol de lait chaudot.

Chacun ayant confectionné son gobelet, Grangibus et Lebrac débouchèrent les litres de vin. Ils se partagèrent les convives. Le litre de Grangibus, plus grand que l’autre, devait contenter vingt-trois guerriers, celui de son chef vingt-deux. Les verres heureusement étaient petits et le partage fut équitable, du moins il faut le croire, car il ne donna lieu à aucune récrimination.

Quand chacun fut servi, Lebrac, levant sa pomme pleine, formula le toast d’usage, simple et bref :

— Et maintenant, à la nôtre, mes vieux, et à cul les Velrans !

— À la tienne !

— À la nôtre !

— Vive nous !

— Vivent les Longevernes !

On choqua les pommes, on brandit les coupes, on beugla des injures aux ennemis, on exalta le courage, la force, l’héroïsme de Longeverne, et on but, on lécha, on suça la pomme jusqu’au tréfonds des chairs.

– Si on en poussait une, maintenant ! proposa Tigibus.

– Allez, Camus ! Ta chanson !

Camus entonna :