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la guerre des boutons


— Oui, c’est le nôtre et vous allez bien le voir, mais écoutez. « Comme il faisait très chaud cet été-là, bientôt la vache crevée a commencé de sentir mauvais ; au bout de trois ou quatre jours, elle empoisonnait ; elle était pleine de mouches, de sales mouches vertes, de mouches à murie, comme on disait. Alors les gens qui ont eu l’occasion de passer par là ont bien reniflé l’odeur, ils se sont approchés et ils ont vu la charogne qui pourrissait là, sur place.

Ça pressait ! Ils n’ont fait ni une ni deusse, ils ont filé subito trouver les anciens de Velrans et ils leur z’ont dit :

— Voilà, y a une charogne qui pourrit dedans vot’ pâturage de Chasalans et ça empoisonne jusqu’au milieu du Chanet, faut vite aller l’encrotter avant que les bêtes n’attrapent la murie.

— La murie, qu’ils ont répondu, mais c’est nous qu’on l’attraperait peut-être en enfouissant la bête : encrottez-la vous-mêmes puisque vous l’avez trouvée ; d’abord, qu’est-ce qui prouve qu’elle est sur not’ territoire ? La pâture est autant à vous qu’à nous ; à preuve, c’est que vos bêtes y sont tout le temps fourrées.

— Quand par hasard elles y vont, vous savez bien nous gueuler après et les acaillener, qu’ont répondu les Longevernes (ce qui était la pure vérité). Vous n’avez point de temps à perdre ou