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la guerre des boutons


au juste, trouver les grosses légumes, les juges et le gouverneur. Comme c’était pressant, toute la grande séquelle a rappliqué aussitôt, et ils ont fait venir à Chasalans les Longevernes et les Velrans pour qu’ils s’essepliquent.

« Les Velrans ont dit : Messeigneurs, la pâture n’est pas à nous, nous le jurons devant le Bon Dieu et la sainte Vierge qu’est notre sainte patronne à tertous ; elle est aux Longevernes, c’est à eusses d’encrotter la bête.

« Les Longevernes ont dit : Sauf vot’respect, Messeigneurs, c’est pas vrai, c’est des menteurs ! À preuve c’est qu’ils la pâturent toute l’année et qu’ils font les coupes de bois.

« Là-dessus, les autres ont rejuré en crachant par terre que le terrain n’était pas à eux.

« Les gens de la haute étaient bien embêtés. Tout de même, comme ça ne sentait pas bon et qu’il fallait en finir, ils ont jugé sur place et ont dit :

« Puisque c’est comme ça, comme les Velrans jurent que la propriété ne leur appartient pas, les Longevernes encrotteront la bête… Alors les Velrans ont ri, passe que, vous savez, ce qu’elle empoisonnait, la vache ! et les beaux messieurs ils ne s’en approchaient que de loin… Mais, qu’ils ont ajouté, puisqu’ils l’encrotteront, la pâture et le bois seront acquis définitivement à