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la guerre des boutons


louer de la façon admirable dont ils avaient passé leur après-midi du jeudi.

Ç’avait été vraiment très bien, puisqu’en s’en retournant ils étaient tous aux trois quarts saouls et qu’une bonne demi-douzaine s’étaient trouvés en proie à un chavirant mal au cœur qui les avait contraints à s’arrêter et s’asseoir n’importe où, sur un mur, sur une pierre, à terre, le cou tendu, la langue pâteuse, l’estomac en révolution.

On causait de ces joies perdurables et pures qui devaient hanter longtemps les mémoires vierges et sensibles, quand de grands cris de rage accompagnés de gifles sonores et suivis d’injures violentes attirèrent l’attention de tout le monde.

On se précipita vers le coin d’où venait le bruit.

Camus, de la main gauche tenant Bacaillé par la tignasse, le calottait de l’autre puissamment, tout en lui hurlant aux oreilles qu’il n’était qu’un sale sournois et un foutu salaud, et il lui en fichait, le gars, pour lui apprendre, disait-il, à ce cochon-là !

Lui apprendre quoi ? Nul des grands ne savait encore.

Le père Simon arrivant en hâte, attiré par le bruit des gifles et les injures des deux belligérants, commença par les séparer de force et à les planter devant lui, un au bout de son bras droit, l’autre au bout de son bras gauche, puis, pour calmer toute velléité de révolte, à leur flanquer équitablement et à