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la guerre des boutons


lui souffler, consigne presque inutile puisque La Crique était très équitablement, comme on l’a vu déjà, le souffleur attitré de toute la classe. Camus plus que jamais pouvait compter sur lui.

Le lieutenant et grimpeur, contrairement à l’habitude, y sauta en arithmétique.

Il avait pris dans son livre quelque teinture de la matière de la leçon et répondait tant bien que mal, vigoureusement secondé par La Crique, dont la mimique expressive corrigeait ses défaillances de mémoire.

Mais Bacaillé veillait.

— M’sieu, y a La Crique qui lui souffle.

— Moi ! fit La Crique indigné, je n’ai pas dit un mot.

— En effet, je n’ai rien entendu, affirma le père Simon, et je ne suis pas sourd.

— M’sieu, c’est avec ses doigts qu’il lui souffle, voulut expliquer Bacaillé.

— Avec ses doigts ! reprit le maître, ahuri. Bacaillé, scanda-t-il magistralement, je crois que vous commencez à m’échauffer les oreilles. Vous accusez à tort et à travers tous vos camarades quand personne ne vous demande rien. Je n’aime pas les dénonciateurs, moi ! Il n’y a que quand je demande qui a fait une faute que le coupable doit me répondre et se dénoncer.

— Ou pas, compléta à voix basse Lebrac.