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la guerre des boutons


Lebrac « cerisait » l’Aztec, le reste était occupé avec des guerriers de moindre envergure, mais Tintin, lui, se trouvait être aux prises avec Tatti, un grand « conot » qui était bête comme « trente-six cochons mariés en seconde noce », mais qui, de ses longs bras de pieuvre, le paralysait et l’étouffait.

Il avait beau lui enfoncer ses poings dans le ventre, lui lancer des crocs-en-jambe à faire trébucher un éléphant (un petit), lui bourrer le menton de coups de tête et les chevilles de coups de sabots, l’autre, patient comme une bonne brute, l’étreignait par le milieu du corps, le serrait comme un boudin et le pliait, le balançait, tant et si bien que, vlan ! ils basculèrent enfin tous deux, lui dessus, Tintin dessous, parmi les groupes s’entrecognant épars sur le champ de bataille.

Les vainqueurs, dessus, grognaient, menaçants, tandis que les vaincus, parmi lesquels Tintin, silencieux par fierté, tapaient comme des sourds aussi fort que possible chaque fois qu’ils le pouvaient et n’importe où pour reconquérir l’avantage.

Emmener un prisonnier dans l’un ou l’autre camp semblait difficile sinon impossible.

Ceux qui étaient debout se boxaient comme des lutteurs, se garant de droite, se gardant à gauche, et ceux qui étaient à terre y étaient bien ; au reste, chacun avait assez à faire à se dépêtrer soi-même.