Page:Pergaud - La Guerre des boutons, 1912.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
304
la guerre des boutons


Tintin et Tatti étaient parmi les plus occupés. Enlacés sur le sol, ils se mordaient et se bosselaient, roulant l’un sur l’autre et passant alternativement, après des efforts plus ou moins longs, tantôt dessus, tantôt dessous. Mais ce que Tintin, ni les autres Longevernes, ni les Velrans eux-mêmes trop préoccupés ne voyaient point, c’est que cet idiot de Tatti, qui n’était peut-être pas tout à fait aussi bête qu’on ne l’imaginait, s’arrangeait toujours pour faire rouler Tintin ou pour rouler lui-même du côté de la lisière du bois, s’isolant ainsi de plus en plus des autres groupes belligérants aux prises par le champ de bataille.

Il arriva ce qui devait arriver, et le duo Tatti-Tintin fut bientôt, sans que le Longeverne dans le feu de l’action s’en fût aperçu le moins du monde, à cinq ou six pas du camp de Velrans.

Le premier coup de cloche annonçant la prière, sonnant à on ne sait quelle paroisse, ayant instantanément désagrégé les groupes, les Velrans regagnant leur lisière, n’eurent pour ainsi dire qu’à cueillir Tintin gigotant de tous ses membres, le dos sur le sol où le maintenait son tenace adversaire.

Les Longevernes n’avaient rien vu de cette prise, lorsque, se retrouvant au Gros Buisson et procédant des yeux à un dénombrement mutuel, ils durent bon gré mal gré reconnaître que Tintin manquait à l’appel.