tends ! tu vas avouer à qui tu l’as dit jeudi en revenant de Baume !
C’est jeudi que t’as vendu tes frères !
Une secouée brutale rappela à Bacaillé ahuri sa situation terrible.
— C’est pas vrai, na ! continua-t-il à nier, et j’veux m’en aller puisque c’est comme ça.
— On ne passe pas, grogna La Crique, levant son bâton.
— Lâches ! vous êtes des lâches ! riposta Bacaillé.
— Canaille ! gibier de bagne ! beugla Camus ; il nous trahit, il nous fait voler et il nous insulte encore par-dessus le marché !
— Liez-le, ordonna Lebrac d’un ton sec.
Et, avant que la chose fût faite, il se saisit du prisonnier et le calotta vigoureusement.
— La Crique, interrogea-t-il ensuite, d’un air grave, toi qui connais ton histoire de France, dis-nous un peu comment on s’y prenait au bon vieux temps pour faire avouer leurs crimes aux coupables ?
— On leur « roustissait » les doigts de pied.
— Déchaussez le traître, alors, et allumez du feu.
Bacaillé se débattait.
— Oh ! tu as beau faire, prévint le chef, tu n’échapperas pas ; avoueras-tu, canaille ?
Une fumée épaisse et blanche montait déjà d’un amas de mousse et de feuilles sèches.