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la guerre des boutons


fureur folle : œufs volés, boutons raflés, clous chipés, sans compter ce qu’on ne savait pas, et bientôt pas un chat dans le village — si toutefois ces gracieux animaux eurent le mauvais goût de prêter l’oreille aux discours de leurs patronnes — n’ignora un mot de la terrible affaire.

— Les gredins ! les gouillands ! les gouapes ! les voyous ! les saligauds !

— Attendez un peu qu’il rentre, j’vais le soigner, le mien !

— J’vais lui servir quéque chose aussi, au nôtre !

— Si c’est permis, des gamins de leur âge !

— Y a pus d’enfants, voyez-vous !

— Moi, c’est son père qui va lui en foutre !

— Attendez seulement qu’ils reviennent !

Le fait est qu’ils ne paraissaient point autrement pressés de rentrer, les gars de Longeverne, et ils l’auraient été bien moins encore s’ils avaient pu se douter de l’état de surexcitation dans lequel le retour et les révélations de Bacaillé avaient mis les auteurs de leurs jours.

— Vous ne les avez pas encore revus ?

— Non ! quelles sottises peuvent-ils bien être encore en train de faire ?

Les pères venaient de rentrer pour arranger les bêtes, leur donner à manger, les mener boire et renouveler la litière. Ils criaient moins que leurs