Page:Pergaud - La Guerre des boutons, 1912.djvu/354

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
354
la guerre des boutons


de Bornéo, aux Bachi-bouzouks, aux Barbares des temps jadis, et, c’était le plus grave, comme conclusion à ce discours, déclara qu’il ne tolérerait pas un mot, que le premier geste de communication qu’il surprendrait soit en classe, soit en récréation vaudrait, à son auteur, trente jours de retenue et dix pages, par soir, d’histoire de France ou de géographie à copier et à réciter.

Ce fut une classe morne pour tous ; on n’entendait que le bruit crissant des plumes mordant rageusement le papier, quelques claquements de sabots, le frottement léger et étouffé des pupitres levés avec prudence, et, quand venait l’heure des leçons, la voix rogue du père Simon et le récitatif hésitant et timide de l’interrogé.

Les Gibus pourtant auraient bien voulu être fixés, car l’appréhension de la raclée, comme une épée de Damoclès, pendait toujours sur leur destin.

À la fin, Grangibus, par l’intermédiaire de ses voisins et avec d’infinies précautions, fit passer à Lebrac un court billet interrogateur.

Lebrac, par le même truchement, réussit à lui répondre, à lui narrer en quelques phrases poignantes la situation, et lui indiquer en quelques mots concis la conduite à tenir.

« Bacaillé oli avèque la fiaivre, sai dès manier. Hi la tout vandu lamaiche. Tout le monde a aité