Page:Pernette du Guillet - Rymes, Tournes, 1545.djvu/22

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Pour te louer ainsi, que tu me loues.


R, au dizain toute seule soubmise
M’à, a bon droict, en grand doubtance mise
De mal, ou bien, que par R, on peult prendre.
Car pour errer, R, se peult comprendre,
Signifiant que le loz, qu’on me preste,
Soit une erreur, ou que R, est riens, ou reste :
Mais si par R, on veult responce avoir,
Je dy, combien que n’aye le sçauoir,
Ne les vertus, que ton R, m’advoue,
Qu'errer je fais tout homme, qui me loue.


Jà n’est besoing que plus je me soucie,
Si le jour fault, ou que vienne la nuict,
Nuict hyvernale, & sans Lune obscurcie :
Car tout celà certes riens ne me nuit,
Puis que mon Jour par clarté adoulcie
M’esclaire toute, & tant, qu’a la mynuict
En mon esprit me faict appercevoir
Ce, que mes yeulx ne sceurent oncques veoir.


Plus je desire, & la fortune adverse
Moins me permect, que puisse celuy veoir,
A qui elle eust par mainte controverse