Page:Pernette du Guillet - Rymes, Tournes, 1545.djvu/47

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Et si me fuict, comme sa non semblable :
Mais de cestuy le plaisir trop damnable
M’oste le droict par la Loy maintenu.
Voila pourquoy je me sens redevable
A celuy là, qui m’est le moins tenu.


Si descharger je veulx ma fantasie
Du mal, que j’ay, & qui me presse fort,
On me dira, que c’est la jalousie
(Je le sçay bien) qui faict sur moy effort.
Mais qui pourroit estre en propos si fort,
Et d’argumentz si vivement pourveu,
Que ce, que j’ay de mes propres yeulx veu,
Soit une folle imagination,
Il feit accroire a mon sens despourveu ?
Il me feroit grand’ consolation.


Ne vous faschez, si a vous je me plaings,
Qui congnoissez raison mieulx, que celuy,
Pour qui souvent par motz de courroux pleins
Donner vous puis, en m’escoutant, ennuy.
Je ne le fais pour me plaindre de luy,
Qu’une autre en aye au vray la jouyssance :
Mais certes j’ay grand crainte, & desplaisance
Quand j’apperçoy vostre amytié desjoindre,