Page:Pernette du Guillet - Rymes, Tournes, 1545.djvu/86

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Va, remercie, & te prosterne en face
Devant les Cieulx, qui t’ont faict cette grace
D’estre venu en ce temps pour la veoir
Telle, ou Nature à mis tout son sçavoir :
Telle pour qui, pour non la veoir, plaindront
Tous Siecles sainctz, qui apres toy viendront.
Ne cherche point remede a prendre fin,
N’a te priver de sa presence, afin
Que de ta mort la nouvelle piteuse
Ne luy causast douleur, & vie honteuse.
S’elle te veult avec pitié pourveoir,
Ne dois tu point plus tost desirer veoir
La tienne mort avec le sien honneur,
Que veoir sa coulpe, & ta vie en bonheur ?
Et si elle est pour ta douleur en peine,
Ou en soucy, tien pour chose certaine,
Que son vouloir raisonnable conteste
A satisfaire a ton vouloir moleste.
Ayes douleur de sa peine & misere,
La deschargeant de coulpe si legere :
Prefere aussi sa saincte renommee
A vie estant de toy tant peu aymee.
Conforte toy, qu’elle est seule la cause
De ton travail, qui ne peult trouver pause.
Conforte toy par propos immortel,