Page:Pernette du Guillet - Rymes, Tournes, 1545.djvu/87

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Que de ton mal le fondement est tel,
Que seulement pour avoir mis si hault
Le tien desir, & l’espoir, qui te fault,
Celà te donne assez de recompence
De ton travail. Pour autant doncques pence
Qu’en ceste soif, & alteration,
Tu peulx avoir refrigeration.
Car le tourment, que tu souffres pour elle,
Estre te doit joye continuelle
A ton esprit, & doulx contentement,
Et au travail tres grand allegement.
Car il n’est rien, tant soit grand, en ce monde,
Qui vaille autant, que ce mal, qui te abonde.
Or te soit donc triomphante victoire
D’estre vaincu d’elle, qui est ta gloire.
S’elle te tient, & vainc pour son captif,
Son cueur sera au tien plus intentif.
S’elle te tient soubz condition serve,
A quelque fin, peult estre, te reserve.
Laisse luy donc, toy estant sien, la cure
De ce, qu’elle à, & a soy se procure :
Laisse luy donc le soing, & pensement
De ce, qu’est sien : Car naturellement
On ne veult point veoir la perdition
De ce, qu’on à en sa possession.


fin.