Page:Perrault - Dialogue de l’amour et de l’amitié, 1665.djvu/28

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bien ce qu’elles disent : je n’entre guère dans un cœur qu’il ne s’en aperçoive ; la joie qui me précède, l’émotion qui m’accompagne et le petit chagrin qui me suit font assez connaître qui je suis. Mais quoi, elles mourraient plutôt mille fois que de me nommer par mon nom. J’ai beau les faire soupirer pour leurs amants, les faire pleurer pour leur absence ou pour leur infidélité, les rendre pâles et défaites, les faire même tomber malades, elles ne veulent point avouer que je sois maître de leur cœur, cette opiniâtreté est cause que je prends plaisir à les maltraiter davantage, étant d’ailleurs bien assuré qu’elles ne m’accuseront pas des maux que je leur fais souffrir : je sais qu’elles s’en prendront bien plutôt à la migraine, ou à la rate, qui en sont tout à fait innocentes, et que si on les presse de déclarer