confiance. Nous ne nous quittions jamais
qu’après des serments infinis de vivre et mourir
ensemble. Je me rendis chez moi, où je passai
le reste du jour à me féliciter de mon aventure ;
je m’applaudissais secrètement : je m’étais vengée,
je m’étais en apparence assuré le cœur d’un
homme que je croyais aimer, et j’avais en même
temps pris pour sieur Valérie certain mépris
qui justifiait en quelque façon l’irrégularité de
ma conduite. Comme il ne vit plus revenir le
chevalier, il parut plus content, et nous vivions
en assez bonne intelligence ; le commerce
secret que j’entretenais aux Chartrons me dédommageait
de tout : j’y passais de bons moments,
que la contrainte et le mystère rendaient plus
chers ; mais, hélas ! je touchais au funeste.
Un mois s’était paisiblement écoulé depuis notre premier rendez-vous, lorsqu’un jour le chevalier me montra mystérieusement une lettre par laquelle on lui donnait avis des mesures qu’on avait prises à Paris pour faire arrêter le pauvre sieur Valérie. Je crus lui faire ma cour de n’en point paraître fâchée, et il saisit ce moment d’indifférence pour me faire des offres : il me fit entendre qu’il ne tiendrait qu’à moi de prendre des arrangements pour ne pas nous quitter comme nous nous l’étions déjà promis. Il me représenta adroitement le désor-