Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
135
DE JULIE


mis un corps et de fort grandes manchettes. À l’égard de ses manières, il fallait une complaisance à l’épreuve pour les trouver séduisantes ; c’était une grosse gaieté, une vivacité bruyante, des éclats de rire convulsifs, des minauderies enfantines, des regards étudiés, des délicatesses affectées et mille autres petitesses qu’on passe tout au plus au printemps d’une jolie figure.

Son caractère, n’ayant rien de méchant dans le fond, ne savait point pardonner ce qui pouvait blesser son amour-propre ; sociable d’ailleurs avec tous ceux qui se chargeaient du soin de l’admirer : s’imaginant toujours rencontrer le plaisir dans le tumulte d’une compagnie nombreuse, elle ne négligeait rien pour la rassembler. Comme elle ne voulait rien me laisser ignorer de ses arrangements avec un certain M. Demelville, Conseiller au Parlement, qui nous attendait depuis quelques jours à sa campagne, elle m’y présenta comme une personne d’autant plus accomplie, qu’il ne lui avait fallu qu’une heure d’entretien pour connaître tout le transcendant de mon mérite. Le robin, composant ses grâces, me dit d’un air pincé, qu’un pauvre reclus comme lui n’était plus à plaindre dans sa retraite, lorsqu’une aussi aimable personne voulait bien se charger du soin de l’embellir ; que ne négligeant rien