attaché à mon bien-être, il n’avait conséquemment
aucun mérite à me le procurer. Nous restâmes
neuf mois à Paris, où nous menions une
vie honnête : nous nous réjouissions sensément.
Au bout de neuf mois il m’annonça que ses
affaires l’appelaient à Londres. Je témoignai
du plaisir à l’y suivre ; rien ne m’attachait à Paris,
mon enfant était mort au bout de huit jours :
on avait pour moi tous les égards possibles, je
me fis un plaisir de voir l’Angleterre. Il se montra
sensible à l’empressement avec lequel je me
déterminai à quitter la France pour le suivre ;
ce qu’il craignait de me proposer. Nous disposâmes
tout pour notre départ, nous prîmes
congé de nos connaissances, et nous nous rendîmes
à Calais, où nous nous embarquâmes.
Ayant cependant auparavant raisonné avec moi
sur l’instabilité des choses et les dangers auxquels
les plus honnêtes gens étaient quelquefois
exposés dans sa patrie, il me remit entre les
mains un portefeuille, qu’il me dit m’appartenir
si jamais quelque événement imprévu venait
à le séparer de moi. Quelque vague que fût ce
discours, sa précaution ne laissa pas de me frapper.
Nous arrivâmes à Londres sans accident ;
nous y passâmes trois ans dans une union parfaite.
Il s’éleva quelques troubles, plusieurs
particuliers furent inquiétés ; on fit même le
Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/205
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
185
DE JULIE