ne me paraissait plus le même qu’à Bordeaux.
Mais que ne devins-je point quand la jalousie
m’eut représenté le malheur de le perdre, et de
le perdre infidèle ! Je ne pus sans frémir le
savoir dans les bras de la Beauval ; je devins
furieuse : l’idée de me voir trahie se joignant au
souvenir de ce que j’avais fait pour lui m’arracha
des larmes. Indécise sur le parti que j’avais
à prendre, je formai vingt résolutions sans
pouvoir m’arrêter à aucune. Outre que la Beauval
était aimable et insinuante, elle avait encore
pour elle la nouveauté ; ainsi il était inutile
d’espérer de le ramener. Quel étrange caprice
est le nôtre ! moins je vis d’apparence à faire
rentrer mon infidèle en lui-même, plus je ressentis
mon amour s’augmenter pour lui. Sa
jeunesse, sa simplicité, ses grâces, tout vint me
parler en sa faveur. Trop prompte à l’excuser,
je n’imputai sa perfidie qu’à la Beauval, dont je
connaissais l’emportement quand il s’agissait
de satisfaire sa passion.
L’abattement dans lequel me jetèrent ces fâcheuses réflexions fut suivi d’un accès de fièvre assez violent, dans lequel j’éprouvai toute la dureté de Vépry : il ne se contraignit pas un moment et exact à se rendre à sa nouvelle conquête, il m’abandonna à moi-même, sans avoir la complaisance de feindre la moindre inquié-