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DE JULIE


ne me paraissait plus le même qu’à Bordeaux. Mais que ne devins-je point quand la jalousie m’eut représenté le malheur de le perdre, et de le perdre infidèle ! Je ne pus sans frémir le savoir dans les bras de la Beauval ; je devins furieuse : l’idée de me voir trahie se joignant au souvenir de ce que j’avais fait pour lui m’arracha des larmes. Indécise sur le parti que j’avais à prendre, je formai vingt résolutions sans pouvoir m’arrêter à aucune. Outre que la Beauval était aimable et insinuante, elle avait encore pour elle la nouveauté ; ainsi il était inutile d’espérer de le ramener. Quel étrange caprice est le nôtre ! moins je vis d’apparence à faire rentrer mon infidèle en lui-même, plus je ressentis mon amour s’augmenter pour lui. Sa jeunesse, sa simplicité, ses grâces, tout vint me parler en sa faveur. Trop prompte à l’excuser, je n’imputai sa perfidie qu’à la Beauval, dont je connaissais l’emportement quand il s’agissait de satisfaire sa passion.

L’abattement dans lequel me jetèrent ces fâcheuses réflexions fut suivi d’un accès de fièvre assez violent, dans lequel j’éprouvai toute la dureté de Vépry : il ne se contraignit pas un moment et exact à se rendre à sa nouvelle conquête, il m’abandonna à moi-même, sans avoir la complaisance de feindre la moindre inquié-