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LES ÉGAREMENTS


minois mutins auxquels on ne peut résister. Qui ne connaît ces attrayantes irrégularités, qui, à la faveur d’un je ne sais quoi, décident souverainement ? Pour moi, qui n’étais encore qu’une enfant, ne connaissant pas l’avantage du solide, je trouvais cette aimable fille suffisante aux prémices de mes amusements, qui ne tardèrent pas à désirer l’essentiel.

En m’apprenant ce que c’était que l’amour, elle m’en enseignait la douce manœuvre, que je ne pouvais me lasser d’admirer : elle me fit une peinture si touchante des particularités dont s’occupent deux cœurs épris, que je regardai dès lors l’amour comme une nécessité à laquelle la nature avait assujetti sans doute le corps et l’âme ; car elle vantait autant les sentiments qu’il inspire, que le salaire qu’il exige. Du raisonnement nous passions alternativement à l’exécution ; rien de plus amusant. Quel goût ne pris-je point à m’instruire ! quelle conception ? quelle docilité ! quelle application à vérifier les beautés de la nature ! quel art ne montrai-je point dès lors à les exposer avantageusement ! Tout en moi se ressentit bientôt de ces agitations qui précèdent et suivent l’entière satisfaction des sens. Sophie ne pouvait se lasser de m’admirer ; ses yeux, surpris du feu qui brillait dans les miens, y puisaient encore une