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DE JULIE


mais il y aurait aussi de l’inhumanité à vous de profiter de l’état où vous me voyez réduite. Je vous regarde, monsieur, comme ayant des droits sur moi, puisque j’ai dès ma première jeunesse été remise entre vos mains, par la cupidité d’une tante avec laquelle il m’était impossible de recevoir d’autres impressions que celles du libertinage : mais les temps sont changés, plus formée et plus raisonnable que je n’étais alors, c’est à vous-même que j’ai recours, ce sont ces mêmes droits que je réclame, et qui doivent me garantir aujourd’hui des pièges qu’on me dresse pour achever de me perdre entièrement. Ces quatre mots, prononcés d’un air pénétré, lui firent suspendre son dessein : il ne m’avait autrefois entendu raisonner qu’en enfant. Le temps n’avait rien diminué de mes agréments : au contraire, j’étais plus formée et plus piquante, et avais acquis, par l’usage, ce qu’on appelle le bon ton, et des manières. Je remarquai bientôt le progrès que je faisais sur lui ; ses premiers feux se rallumèrent, et se rendant à ma prière, il me témoigna combien il était satisfait de ma façon de penser, et de ce qu’il avait appris de la *** ; ajoutant qu’elle lui avait cité quelques circonstances à mon sujet dont il serait ravi que je lui fisse un détail particulier. Je lui exposai, sans perdre de temps,