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LES ÉGAREMENTS


faire mieux sentir le plaisir qu’il était sûr de faire à tous ceux qui s’intéressaient à moi. Il est inutile de détailler tous les soins que je pris pour le bien recevoir, on se l’imagine assez : il trouva mon appartement aussi joli que commode. Je plaisantai beaucoup avec lui sur la différence qu’il y avait de mon état actuel à celui dans lequel il m’avait secourue. Ce souvenir m’arrachait toujours des larmes de joie. Nous parlâmes jusqu’au dîner de choses indifférentes, et du bonheur que j’avais eu de rencontrer dans ce corps de logis une société de gens aimables et distingués. J’attendis la liberté du dessert pour l’engager à agir plus librement avec moi que j’avais fait avec lui ; mais ce fut inutilement. J’eus beau lui donner une idée de mes aisances, lui reprocher combien ses refus étaient insultants pour moi, il fut toujours le même : je ne pus gagner autre chose que de découvrir l’envie qu’il avait de quelques livres, que j’eus soin de lui envoyer à propos.

À peine nous eût-on servi le café, que madame Delêtre et le Marquis entrèrent, sans façon, à leur ordinaire. M. Gerbo, dont la mise était des plus minces, se leva, témoignant quelque embarras vis-à-vis du Marquis, dont la magnificence seule annonçait l’état. Vous me surprenez en tête-à-tête, lui dis-je ; eh bien ! ce