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LES ÉGAREMENTS


m’étais, malgré moi, conservée jusqu’alors, devait-il être réservé pour un homme qui donnait si libéralement ? On ne paya jamais que pour être trompé : tout le monde sait cela. Je me déterminai donc, de crainte d’accident, à rendre au plutôt sieur Valérie heureux : sa confiance, que je m’attirais par là, me mettait, selon moi, à l’abri de ses reproches, s’il venait à découvrir mon intrigue avec son rival, aux dépens duquel je lui accordais mes prémices. Rien ne me parut plus facile que de l’introduire la nuit, s’il voulait s’y risquer. La disposition de notre appartement, la facilité d’ouvrir la porte sans bruit, le profond sommeil de mes surveillantes, tout m’y engagea, et je m’endormis sur ces réflexions, bien résolue de coudre le lendemain l’exécution au projet. Je lui écrivis le matin quatre mots, par lesquels je lui mandais de faire promptement travailler à un passe-partout semblable à celui que je lui jetais dans ma lettre, et dont il pourrait se servir le même soir, au premier signe que je lui ferais, pour ouvrir la porte de la rue. J’ajoutais encore que sur les quatre heures après midi il se hasardât à reconnaître l’escalier, et y mettre un petit paquet de graine de pavot, dont je savais la propriété ; sage précaution à deux amants qui, se rencontrant pour une première fois dans le calme de