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DE JULIE


la nuit, sont résolus de ne s’y pas faire grâce. Le tout fut ponctuellement exécuté, et sieur Valérie ayant vérifié l’escalier, se retira aussi diligemment qu’il était entré. Le reste de la journée me parut un peu long à la vérité ; mais je me trouvai bientôt occupée à recevoir quelques pièces d’étoffes que M. Poupard m’envoyait : il était bien juste qu’il reconnût par ses attentions le zèle avec lequel je travaillais à lui faciliter ses plaisirs.

La petite débauche que nous avions faite la veille ayant un peu dérangé nos vieilles, elles se disposèrent à se coucher de bonne heure : nous nous mîmes à table, mon pavot y trouva sa place, et fit un effet admirable. À peine eurent-elles le temps de se mettre au lit, que je pus dire les entendre très distinctement dormir. Il n’était encore que dix heures lorsque je me mis à la fenêtre, où sieur Valérie ne m’eut pas plutôt aperçue, qu’il ouvrit la porte d’en bas et vola dans l’escalier, où je l’attendais déjà. Je le pris par la main, et ayant fermé la nôtre, je le conduisis dans ma chambre, où nous commençâmes par nous dire tout ce que la passion inspire à deux cœurs fortement épris. Vives protestations d’une part, tendresse inexprimable de l’autre, fidélité inviolable, amour éternel ; que sais-je ? mille douceurs, toutes plus jolies les