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LES ÉGAREMENTS


ver, il me fit la proposition de le suivre : je consentis à tout ; je pris mes bijoux et quelques ustensiles nécessaires pour le voyage, et à trois heures du matin j’abandonnai mon sort à celui de mon amant, dont les précautions avaient été si bien prises, qu’il ne se trouva rien de contraire à notre évasion. Nous fîmes route vers Bordeaux, où nous arrivâmes onze jours après notre départ. Comme sieur Valérie se doutait bien des poursuites sérieuses que ferait son enragé d’oncle, il masqua si adroitement notre marche qu’on ne put la découvrir.

Laissons nos deux vieilles se désespérer, l’oncle et le père se débattre sur le remboursement de la caisse, et ne songeons qu’aux plaisirs que nous prépara la jeunesse et l’amour.

L’intervalle de temps que nous employâmes à notre voyage nous ayant donné le temps de satisfaire cette ardeur de tête-à-tête qu’on recherche si avidement les premières fois qu’on se voit libre, nous nous trouvâmes à notre arrivée dans la ville de Bordeaux un peu plus dégagés de nous-mêmes, et par conséquent plus portée d’y varier les plaisirs : promenades, spectacles, concerts, tous les amusements publics firent une partie des nôtres. La bonne mine du sieur Valérie, quelque beauté jointe à ma grande jeunesse, nous firent bientôt remarquer. Le faste