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CHAPITRE IV

L’ÉPOPÉE COURTOISE[1]




INTRODUCTION


Nous devons nous occuper des romans français du moyen âge dont les sujets sont bretons, bysantins, d’origine douteuse ou de pure imagination. Ce chapitre a nécessairement un caractère tout autre que celui qui précède. Tandis que, pour les romans du cycle de l’antiquité, nous tenons les deux bouts de la chaîne, ce qui permet de rapprocher les œuvres françaises de leurs origines directes ou indirectes, nous ne possédons que des notions très générales sur les sources des romans bretons et d’aventure[2], dont un bon nombre paraissent se rattacher à des traditions orales plus ou moins précises. L’intérêt se trouve ici reporté sur les œuvres elles-mêmes et sur leur étude intrinsèque. C’est ici d’ailleurs qu’on peut le mieux apprécier la valeur propre de nos romanciers français du moyen âge, car selon toute vraisemblance ils n’empruntaient, sauf exception, aux conteurs bretons et bysantins que la grosse trame de leurs récits, et aux premiers le principe de leur merveilleux féerique ; mais le développement et l’arrangement des faits, leur invention même, dans beaucoup de cas, et l’étude si souvent minutieuse des sentiments, portent la marque d’une grande originalité.

  1. Par M. L. Clédat, Doyen de la Faculté des lettres de Lyon.
  2. On désigne généralement, sous le nom de « romans d’aventure », ceux qui ne rentrent ni dans le cycle de l’antiquité, ni dans le cycle breton. Mais cette désignation manque de netteté : car les romans bretons sont bien, au sens propre du mot, des romans d’aventure.