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LA COMÉDIE ET LES MŒURS EN FRANCE

pièce comme une institution fâcheuse, et si féconde en maux de tout genre qu’on ferait toujours sagement de n’en point essayer. C’est l’avis qu’un prudent docteur donne, trop tard, au Nouveau Marie : « A quel sort dois-je m’attendre ? » demande le néophyte. L’oracle répond :

Prends la, telle qu’elle viendra.
Assés soufifrir te conviendra.
Dieu te doint * bonne patience !

« Si elle est jalouse, feins d’être jaloux toi-même. Si elle aime le vin, garde les clefs du cellier. Si elle est querelleuse, supporte-la. Si elle te trompe, hé bien ! crois et affirme toujours qu’elle est la plus sage des femmes. Tu veux aussi savoir si elle t’aime sincèrement : essaie de la contrarier. En somme, maintiens-la toujours

En crainte, non trop rudement ;
Mais entre deux, moyennement.

La conclusion n’est pas consolante :

Tu seras homme plus martyr
Que sainct Laurens qu’on fit rostir.

La victime répond sur un ton résigné :

Puisque je suis en mariage,
Dieu me doint estre fort et sage
Pour supporter tous les tourmens !

  • Que Dieu te donne.