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reprises par l’armée du Roy, irrita fort les huguenots de la ville d’Orléans, qui jurèrent de s’en venger ; et prirent, par forme de represaille, un nommé George de Selve, que l’on disoit aller en Espagne, Sapin, conseiller au parlement de Paris, et l’abbé de Gastines. Pour le regard de Selve, il fut rendu pour le sieur de Luzarche, que l’on tenoit prisonnier à Paris pour la religion ; mais le conseiller Sapin avec l’abbé de Gastines, et le curé de Saint-Paterne[1] d’Orléans, furent pendus, ce qui estonna et esmeut fort la cour de parlement et les catholiques qui portoient les armes pour le Roy, voyant la hardiesse des huguenots contre les sujets de Sa Majesté : et n’y avoit catholique qui ne craignist d’estre traicté de mesme façon s’il tomboit entre leurs mains. La cour de parlement, pour revanche, en condamna aussi quelques autres à estre pendus, à la poursuite du président Le Maistre, de qui le conseiller Sapin estoit nepveu[2].

Alors l’on cogneut la nécessité qu’il y avoit de garder la foy et n’user de telles violences, possible envers les innocens autant que contre les coupables ; car, sans adjouster malheur sur malheur, la France estoit assez travaillée des estrangers, qui marchoient pour les uns et les autres, et desquels on se fust bien passé : car il est certain que les forces du Roy estoient suffisantes pour faire teste aux huguenots, et peu à peu les réduire en son obéissance, sans appeller tant d’estran-

  1. Le curé de Saint-Paterne. La mort de cet ecclésiastique précéda de quelques mois celle de Sapin. Ce ne fut point par représailles que les protestans le firent périr, mais parce qu’ils le soupçonnoient d’être délateur.
  2. De qui le conseiller Sapin estoit nepveu. Sapin étoit le beau-frère du président Le Maistre, et non son neveu.