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[1203] de la conqueste

obéïssez maintenant s’est méchamment et à tort emparé de l’Estat ; et vous n’ignorez pas de quelle déloyauté il a usé vers son seigneur et frere, auquel il a fait crever les yeux, et enlevé l’empire, dont vous voyez icy parmy nous le legitime heritier. Si vous vous rangez de son party vous ferez ce que vous devez ; si vous faites au contraire, ne doutez pas que nous ne vous fassions du pis que nous pourrons. » Mais il n’y eut pas un seul, ny de la ville ni du plat pays, qui témoigna vouloir le suivre ny prendre son party, pour la crainte qu’ils avoient de l’empereur Alexis. Et ainsi châcun s’en retourna au camp et dans ses logemens.

75. Le lendemain aprés avoir ouy la messe, ils s’assemblérent derechef, et tinrent conseil tous à cheval au milieu de la campagne, où vous eussiez peu voir plusieurs beaux chevaux de bataille harnachez richement, et montez par de braves chevaliers. Le sujet de cette assemblée fut sur l’ordonnance de leurs batailles, et de la maniere de combattre : sur quoy, aprés que toutes choses eussent esté debatuës de part et d’autre, il fut enfin arresté que le comte Baudoüin de Flandres conduiroit l’avant-garde, pource qu’il avoit plus grand nombre de braves hommes, et mesmes plus d’archers et d’arbalestriers que pas un autre baron de l’armée.

76. Il fut encor arresté que Henry son frere conduiroit la seconde bataille, accompagné de Mathieu de Valincourt, Baudoüin de Beauvoir, et autres bons chevaliers de leurs terres et de leurs pays qui estoient venus avec eux.

77. La troisiéme seroit conduite par Hugues, comte