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[1204] de la conqueste

faire aux Venitiens, et le surplus montant à cent mil fut partagé entre eux de la sorte, savoir : deux pietons eurent autant comme un homme de cheval, et deux hommes de cheval autant qu’un chevalier. Jamais il n’y eût eu rien de plus glorieux, si ce qu’on avoit arresté eût esté executé fidellement, et que le butin n’eût esté détourné : on fit toutefois rigoureuse justice de ceux que l’on pût convaincre d’en avoir retenu quelque chose, dont il y eût plusieurs de pendus.

135. Le comte de Saint Paul fit mesme pendre un de ses chevaliers l’escu au col, accusé et convaincu d’en avoir retenu. Il y en eût nombre d’autres, tant de haute que de basse condition, qui ne le rapportérent pareillement, quoy qu’il ne leur appartint point avec justice. Il est aisé de juger de là combien fut grand le butin qui se fit dans Constantinople, veu que sans celuy qui fut caché et recellé, et sans la part des Venitiens, les nostres eurent bien quatre cent mil marcs d’argent, et plus de dix mil montures, tant chevaux de service que bestes de somme. Tel donc fut le partage de tout le butin fait dans Constantinople.

135. Aprés cela ils s’assemblérent et tinrent conseil pour aviser avec le corps de l’armée de ce qui estoit à faire touchant ce qui avoit esté arresté entre eux : où il fut resolu aprés plusieurs avis qu’on prendroit un autre jour auquel on esliroit douze personnes pour creer un empereur. Il ne faut pas doûter qu’il n’y eût beaucoup d’abbayans[1] aprés un honneur et une dignité si relevée, telle que de l’empire de Cons-

  1. Abbayans ou Habaanz : regardant, aspirant à.