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[1203] de la conqueste

voir, ou ses lettres bien seellées, comme il seroit maistre de Thessalonique ; aprés quoy il la remettroit és mains de l’Empereur. Toute l’armée témoigna beaucoup de rejoüyssance de la conclusion de la paix entre les deux princes, et dautant plus que de cette querelle pouvoient survenir de grands inconveniens.

159. Le marquis ayant pris congé s’en alla vers Thessalonique avec sa femme et ses trouppes, ensemble les deputez de l’Empereur, lesquels, à mesure qu’il arrivoit de chasteaux en chasteaux, les luy faisoient restituer ; tant que finalement il arriva à Thessalonique, qui luy fut mise entre les mains par ceux qui l’avoient en garde : auquel temps Renier de Monts, que l’Empereur y avoit laissé pour gouverneur, estoit mort ; et comme il estoit en reputation de brave homme il fut fort regretté.

160. Alors tout le pays commença à se rendre au marquis, et à venir sous son obeïssance, à la reserve d’un riche et puissant seigneur grec, nommé Leon Sgure, qui s’estoit saisy de Corinthe et de Naples de Romanie, deux bonnes villes assises sur la mer, et des plus fortes qui soient sous le ciel. Cettuy-cy ne se voulut pas soumettre au marquis, ains commença à luy faire la guerre, assisté de la plus grand part de ceux du pays qui suivoient son party, et à la reserve aussi d’un autre seigneur grec, appellé Michel, qui estoit venu de Constantinople avec le marquis, qui le croyoit bien affectionné à son service : mais il se desroba de luy sans qu’il en eût advis, et s’en alla à une ville qu’on appeloit Duraz, où il espousa la fille d’un riche Grec auquel l’Empereur en avoit confié le gouvernement ; et s’empara en suitte, tant de la ville que de