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[1204] de la conqueste

toute la contrée. Ainsi le marquis commença à faire la guerre de ce costé là, tout le païs au reste depuis Thessalonique jusques à Constantinople estant paisible, et les chemins si seurs, qu’on y pouvoit aller et venir sans escorte, bien qu’il y eût douze grandes journées de l’une à l’autre. Il estoit lors la fin de septembre ; et l’empereur Baudoüin demeuroit à Constantinople, tout le pays estant en paix et reduit sous son obeyssance.

161. Durant ce temps deux vaillans chevaliers, Eustache de Canteleu et Aimery de Villerey, decedérent à Constantinople, et furent regrettez de leurs amis. On se mit en suitte à travailler au departement et distribution des terres, dont les Venitiens eurent leur part, et l’armée des pelerins l’autre. Mais aprés que chacun fut estably en ce qui luy estoit escheu, la convoitise, qui de tout temps a esté cause de tant de maux, ne les laissa pas long-temps en repos, se mettans à faire de grandes levées et pilleries en leurs terres, les uns plus, les autres moins : ce qui fut cause que les Grecs commencérent à les haïr et leur vouloir mal.

162. L’empereur Baudoüin donna lors au comte de Blois le duché de Nicée, l’une des meilleures pieces et des plus honorables de tout l’empire d’Orient, située au delà du détroit, du costé de la Natolie, quoy que la terre d’outre le détroit ne fût venuë à l’obeïssance de l’Empereur, et tint encore contre luy. Il fit don au mesme temps à Renier de Trit du duché de Philippople. En suitte de quoy le comte de Blois envoya, sous la conduite de Pierre de Braiecuel et de Payen d’Orleans, environ six-vingt chevaliers de ses