Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
330
[1204] de la conqueste

Mailly, Anseau de Cahieu, Thierry de Los, et Thierry de Tenremonde. Constantin arriva devant Atramittium avec sa puissante armée le samedy devant la my-caresme : ce que Henry n’eût pas plustôt appris qu’il assembla son conseil, et dit qu’il n’estoit pas resolu de se laisser enfermer dans la place, mais plustôt qu’il sortiroit et se mettroit en campagne : ce qu’il executa ; et comme Constantin approchoit avec un grand nombre de gens de pied et de cheval, les nostres sortirent, et, leur allans à la rencontre, leur livrérent combat qui fut fort opiniâtré : à la fin toutefois à l’ayde de Dieu ils obtinrent la victoire sur les Grecs, qu’ils deffirent entiérement, y ayans laissé nombre de morts et de prisonniers, et grand butin. Ce qui leur vint bien à propos, tant pour les commoditez qu’ils en eurent, que pour ce qu’en suitte de cette deffaitte ceux du pays se tournérent de leur costé, et commencérent à payer leurs contributions.

173. Tandis que les choses succedoient de la sorte à ceux de Constantinople, Boniface marquis de Montferrat, qui estoit allé vers Thessalonique qui luy avoit esté restituée par l’Empereur, entreprit d’aller faire la guerre à Leon Sgure qui tenoit Naples et Corinthe, deux des plus fortes places du monde, lesquelles il assiegea en mesme temps. Jacques d’Avesnes demeura devant Corinthe avec nombre de bonnes trouppes, et les autres allérent mettre le siége devant Naples. Sur ces entrefaites arriva que Geoffroy de Ville-Hardoüin, qui estoit neveu de Geoffroy mareschal de Romanie et de Champagne, estant party de la Terre Saincte avec la flotte de ceux qui estoient venus à Constantinople, fut jetté par la violence des vents et