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[1205] de la conqueste

Dandole duc de Venise, qui estoit homme vieil et ne voyoit goute, avec ce qu’il avoit de forces, qui estoient bien en aussi grand nombre que celles que l’Empereur et le comte de Blois avoient amené ; et se campa devant l’une des portes. Le lendemain leur vint pour renfort une compagnie de chevaux-legers ; mais il eust esté à souhaiter qu’ils eussent esté plus vaillans qu’ils n’estoient. Cependant l’armée estoit fort incommodée de vivres, et d’ailleurs il n’y avoit aucune seureté pour en aller recouvrer, à cause du grand nombre des Grecs qui tenoient toute la campagne : joint aussi que le roy de Bulgarie venoit au secours d’Andrinople avec une puissante armée composée de Valaches, Bulgares, et d’environ quatorze mil Comains, qui est une nation infidele.

186. Le comte de Blois à cause de la grande disette qui estoit au camp alla en personne faire une course pour chercher et amener des vivres, le jour de Pasques-fleuries, et avec luy Estienne du Perche frere du feu comte du Perche, Renaud de Montmirail frere du comte de Nevers, et Gervais de Castel, avec plus de la moitié de l’armée. Ils furent jusques à un chasteau appellé Pentace, qu’ils trouvérent fort bien garny de Grecs, et y donnérent un rude assaut : mais ils furent repoussez et contraints de s’en retourner sans rien faire, employans toute la semaine sainte à fabriquer des machines de toutes façons, et à faire des mines par dessous terre jusqu’au pied du mur pour la sapper et y faire bréche. Et passérent de la sorte la feste de Pasques devant Andrinople avec peu de gens, et mal fournis de vivres.

187. Sur ces entrefaites leur vint nouvelle que Jean