Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/380

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
362
[1205] de la conqueste

195. Cependant le duc de Venise et Geoffroy mareschal de Champagne cheminérent toute la nuit qu’ils délogérent d’Andrinople, jusqu’au point du jour, qu’ils se trouvérent prés d’une ville nommée Pamphyle, où avoient campé la mesme nuit Pierre de Braiecuel et Payen d’Orleans, avec bien cent chevaliers, et sept vingt chevaux-legers qui venoient de la Natolie, et s’alloient rendre au camp devant Andrinople. Quand ils virent approcher cette trouppe, ils coururent promptement aux armes, pensans que ce fussent Grecs : et les ayans envoyé recognoistre pour sçavoir qui ils estoient, ils trouvérent que c’estoient ceux qui retournoient de la deffaite ; desquels ils apprirent la perte de l’empereur Baudoüin et du comte de Blois, des terres et de la maison duquel ils estoient, et ses vassaux ; en sorte que l’on ne leur eust pû dire de plus tristes nouvelles.

196. Aussi vous les eussiez veu pleurer à chaudes larmes et se battre la poitrine de deüil et de compassion : ils passérent dans cette profonde tristesse, tous armez qu’ils estoient jusques au mareschal Geoffroy, qui conduisoit l’arriére-garde avec grand peril. Car le lendemain de la nuit qu’ils partirent d’Andrinople, Jean roy de Bulgarie y estoit arrivé avec toute son armée, où voyant que les nostres en estoient desja délogez, s’estoit mis à les suivre. Et ce fut un grand bonheur de ce qu’il ne les y trouva pas ; parce que sans doute il eût achevé de les deffaire, sans qu’il en fust eschappé un seul. Ces chevaliers ayans joints