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[1205] de la conqueste

tantinople ou en Hongrie, là où ils aimeroient le mieux des trois. La ville de Serres estant ainsi renduë, le Bulgare fit loger ceux qui en estoient sortis prés de luy dans son camp, où il leur fit trois jours durant bon visage et grand accueil, leur envoyant force presens : mais il changea bien-tost aprés, et leur faussa la parole qu’il leur avoit jurée si solennellement ; car, aprés leur avoir osté tout ce qu’ils avoient, il les fit enferrer à guise d’esclaves, et mener liez et garottez, nuz et déchaus, en Valachie, où les plus apparens furent decapitez, et les pauvres et chetifs soldats qui n’estoient d’aucune consideration transportez en Hongrie. Voilà le traitement qu’ils receurent de ce faux et déloyal barbare, qui fut l’une des plus grandes playes que les nostres ayent receu en ces quartiers là. Il fit en suitte demanteler le chasteau et la ville, et de là poursuivit son chemin contre le marquis.

207. Cependant le Regent avec son armée tira vers Andrinople et l’assiegea, quoy qu’avec beaucoup de peril, dautant qu’il y avoit grand nombre de gens de guerre, tant dedans que dehors, qui les tenoient si serrez qu’ils ne pouvoient recouvrer aucuns vivres, ny à peine s’escarter pour en aller chercher : ce qui les obligea de se retrancher et de fermer leur camp de bonnes barriéres et palissades ; establissans certain nombre des leurs pour en garder les dehors pendant que les autres attaqueroient la ville. Pour cét effet ils firent dresser des machines de toutes façons, avec un grand nombre d’eschelles, faisans tous leurs efforts pour la prendre : mais comme c’estoit une bonne place et bien munie de gens de guerre, ils y tra-