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[1205] de la conqueste

vaillérent inutilement, y ayans perdu beaucoup de braves hommes sans les blessez ; entre lesquels Pierre de Braiecuel, l’un des meilleurs chevaliers de l’armée, y fut frappé d’une pierre de mangonneau au front, duquel coup il fut en grand peril de sa vie ; mais Dieu voulut qu’il en eschappa, et fut porté en littiere. De sorte que le prince Henry voyant qu’il n’estoit pas en estat d’emporter la ville, il leva le siege et en partit avec son armée : à la retraite ils furent fort molestez de ceux du pays et autres Grecs, tant qu’enfin ils arrivérent à une ville nommée Pamphile, où ils sejournérent l’espace de deux mois entiers, faisans des courses de fois à autres du costé de Didymotique et autres lieux, d’où ils ramenoient de grands butins. L’armée demeura là jusques à l’hyver, tirant ses vivres et commoditez de Rodosto et par la mer.

208. Jean roy de Bulgarie d’autre part, aprés avoir pris Serres en la maniere qu’il a esté dit, et fait malheureusement massacrer ceux qui s’estoient rendus sous sa foy et sa parole, tira vers Thessalonique, où il sejourna quelque temps, saccageant et ruinant le pays, tandis que le marquis de Montferrat estoit dans la place, crevant de dépit, tant pour voir ainsi devant ses yeux ruiner ses terres sans y pouvoir donner remede, que pour la perte de son chasteau de Serres, mais particulierement de celle de son seigneur l’empereur Baudoüin, et des autres barons qui estoient demeurez avec luy. A la fin le Bulgare, voyant qu’il ne pouvoit plus rien entreprendre en ces pays-là, rebroussa chemin, et retourna avec son armée dans son pays. Ceux de la ville de Philippople, qui appartenoit à Renier de Trit, auquel l’Empereur l’avoit